Depuis des décennies désormais, les perpétuels nomades que sont les écrivains sont invités à installer leur campement aux beaux jours de septembre sur les Places royales de Nancy. Ils en sont alors les monarques temporaires, célébrés et chéris, et la foule vient visiter ces vagabonds qui ne sont riches que de mots, de poésie et de pensée. Il y a ainsi durant un long week-end une fête profonde, joyeuse, simple et populaire, une fête qui rend possible les noces du nombre et de l'esprit, une fête pleine d'humanité et de franchise.

J'ai été très heureuse de discuter avec un public passionné, fin, très bien informé et aussi très fier de cet événement qui se déroule dans leur ville. Et puis que d'animations ! J'aurais voulu pouvoir être à plusieurs endroits en même temps pour profiter des débats de grande qualité, des lectures mais aussi des nombreux moments de convivialité avec les très nombreux auteurs présents. Bref, c'était pour moi un grand moment de joie, de partage, une vraie fête dont je me souviendrai longtemps !

C’est la politique du livre la plus aboutie dans une ville parce que ce n’est pas une fête et un salon, c’est quelque chose qui ruisselle dans l’ensemble des quartiers, dans l’ensemble des communes autour et qui fonctionne sur toute une année.

Incomparable Nancy ! Ici, on ne vient pas en touriste, ni par hasard. Certains lecteurs ont parcouru des centaines de kilomètres ou déposé des congés depuis des mois. D’autres ont dressé des listes, ou plutôt des parcours dont ils cochent les étapes, d’un auteur à l’autre, et ont emporté un siège pliant pour affronter sans impatience les longues files d’attente qui se forment devant les lieux de conférence. Nous, les auteurs, nous sentons attendus et sommes accueillis avec une rare chaleur, que l’on signe nos livres sur le salon, ou que l’on participe à une rencontre.

Nancy est un lieu et une idée. Une ville de grande beauté qui séduit ceux qui la visitent, et se disent qu’il faudrait poser leurs bagages, enfin. Une idée aussi, celle de l’amitié entre les auteurs ; les barrières tombent, les concurrences s’estompent et la vie de l’esprit, la vie du livre, reprennent leurs droits.

J’aime ce salon, c’est même mon préféré. Je l’aime parce que ce n’est pas un intermittent du spectacle littéraire, pas un salon qui cabote et cabotine le temps d’un weekend. C’est un salon au long court qui irise et irrigue la ville et ses alentours tout au long de l’année dans les écoles, les collèges, les lycées et les quartiers. Grâce à une belle communauté d’énergies bénévoles sans laquelle le livre resterait lettres et feuilles mortes et les auteurs cantonniers. J’aime ce trop court moment du salon, sa moisson joyeuse, cette complète révolution des quatre saisons improbables du livre : grainailles, semailles, levailles et… retrouvailles ! Ma préférée. Car on ne va pas à Nancy, on y revient ! Et on écrit toute l’année, pour le seul privilège d’y être invité. »

Chaque année, début septembre, Le Livre sur la Place consacre Nancy, capitale des lettres. Pour son 35ème anniversaire, la fête fût simplement glorieuse : un festival d’émotion et de saveur littéraire. Merci pour cette pyrotechnie de mots et de rencontres. Vivement l’année prochaine sur la Place !

Le Livre sur la Place, vrai grand temps fort de la rentrée littéraire, rendez-vous immanquable, généralement baigné de lumière et de soleil... Pour moi, Le Livre sur la Place c’est avant tout la chaleur de toutes ses présences, ces lecteurs qui reviennent comme pour des retrouvailles, les libraires et leurs bénévoles, toutes ses santés encore pleines d’été... C’est aussi pour un auteur la sensation inédite d’être assis derrière son livre, pour la toute première fois! Oui, à Nancy, c’est un peu là que l’auteur fait sa première rencontre avec son livre, son livre au milieu des autres, et de ses premiers lecteurs, une sensation qui me reste tout le long des mois qui suivent…