Celui qui occupe le fauteuil, le vingt-quatrième, de La Fontaine, Colbert, Marivaux, a toujours recherché la compagnie des auteurs, notamment ceux habités par le désir de s’en aller. L’académicien, avocat des libertés fondamentales, colonel de réserve, écrivain prolixe est donc avant tout un lecteur, ne trouvant souvent pas meilleur endroit où aller que la littérature. Pour se consoler du monde certainement.

De Victor Hugo à Patrick Leigh Fermor, de Robert Louis Stevenson à Montaigne, dans son dernier livre, François Sureau fait le récit de son compagnonnage avec les écrivains, et de leurs voyages qui font échos à certains moments de sa vie personnelle. L’auteur de plus d’une vingtaine de livres, dont le magnifique Le Chemin des morts (Gallimard, 2013) nous offre ici certainement l’un de ses textes les plus intimes. Mélancolique, drôle, érudit, ce récit pose la question du sentiment d’étrangeté et d’un monde inhabitable pour certains écrivains. « Dans toute vie d'écrivain, il y a cette idée que si le monde n'est pas habitable sans littérature, sans poésie, c'est qu'il est trop difficile sans ça, et qu'il faut limer l'écorce du monde pour le rendre habitable, et c'est ça qui fait écrire. »

François Sureau, S'en aller (Gallimard)
Animation : Sarah Polacci
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